Liens entre posture, motricité et cerveau,
Vers une nouvelle approche thérapeutique
Bras gauche au-dessus, et vous ?
Essayez donc de le faire rapidement et vous remarquerez qu’au même titre d’être gaucher ou droitier, nous avons tous une préférence de coordination posturale, confortant les publications de Bardy (1999) et Marin (2009). Le fait d’avoir un bras et un pouce au-dessus de l’autre nous permet de connaître la préférence rotatoire des étages fonctionnels vertébraux (voir schéma ci-dessous).
Nous savons depuis les prémisses de la neurologie que notre cerveau influence notre corps par les voies nerveuses, humorales et des neurotransmetteurs. Depuis peu, les neuroscientifiques s’accordent à dire que notre corps influence notre cerveau. Dans une conférence TED de 2011, Daniel Wolpert nous dévoile la raison pour laquelle certains animaux et les hommes ont un cerveau. Il ne s’agit pas de la pensée mais bien de la production de mouvements adaptables et complexes. Le mouvement est la seule façon que nous avons d’avoir un effet sur le monde qui nous entoure.
Tout passe par la contraction de muscles : la communication, le discours, les gestes, l’écriture, le langage des signes sont tous faits par la contraction musculaire.
Les processus sensoriels, mnésiques et cognitifs sont certes importants mais uniquement pour provoquer ou inhiber de futurs mouvements. L’exemple le plus simple est sans doute l’expérience publiée en 2010 par Amy Cuddy : une simple posture en ouverture pendant 2min augmente la sécrétion de testostérone et nos chances de succès. Ses publications scientifiques confirment le lien entre la posture, la sécrétion hormonale (testostérone et cortisol) et les facteurs comportementaux tels que la confiance en soi et le stress. Le langage corporel comme un croisement de bras ou de doigts n’est pas si anodin.
Etages fonctionnels vertébraux
Il existe d’autres tests simples et reproductibles permettant de nous donner la préférence biomécanique individuelle de tous les étages, révélateur d’un mouvement naturel propre à chaque individu. Tout mouvement réalisé dans son profil d’expression est économe, efficient et efficace. La préparation physique, l’entraînement sportif mais aussi la rééducation doit avant tout s’adapter au profil préférentiel du patient ou de l’athlète.
Le thérapeute utilise ce bilan analytique fonctionnel et dynamique afin de faire le lien entre la blessure et la préférence motrice du patient. Les variabilités des caractéristiques humaines (Malquaire, Roquelaure and coll 2000) sur le plan biomécanique, ergonomique, postural et moteur sont à prendre en considération pour individualiser son programme de mobilité, de stabilité et de renforcement. En identifiant son profil, le patient ou l’athlète prend conscience de ses points forts mais aussi de ses faiblesses. Il comprend alors le côté récurrent de sa pathologie et adhère avec engagement au programme proposé par le thérapeute.
Il existe d’autant plus un lien entre ces caractéristiques physiques individuelles et les notions de comportements et traits de personnalité (Canli, Zhao, Desmond, Kang, Gross et Gabrieli, 2001), (Guimond, Massrieh, 2012), (Tolea, Terracciano, Simonsick, Metter, Cost et Ferrucci, 2012) confortant le neuroscientifique Rodolfo Llinás qui en 2001 nous dit :
Nous ne bougeons pas parce que nous pensons mais nous pensons parce que nous bougeons !